• Startup : se lancer en pleine crise ?

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    Le climat anxiogène généré par la crise tend à nous convaincre que l’incertitude est trop forte pour entreprendre. Certes, le Covid-19 a des effets dévastateurs sur une économie en partie figée et très hésitante. Mais si les crises ont toujours été cruelles pour certains elles constituent un tremplin pour d’autres. Comme après l’éclatement de la bulle Internet en 2000 ou après la crise des subprimes en 2008, des startups ont su tirer profit du ralentissement économique pour émerger (Amazon, eBay, Spotify, Uber, Airbnb…). La technologie doit pouvoir saisir l’occasion qui se présente à elle aujourd’hui en innovant, différemment.


    Aux nouvelles habitudes, les nouveaux besoins et les nouvelles startups


    Depuis le dĂ©but du confinement, l’adoption forcĂ©e du tĂ©lĂ©travail a menĂ© Ă  une augmentation exponentielle des outils collaboratifs numĂ©riques. De nouveaux besoins apparaissent. Outre les outils collaboratifs numĂ©riques, l’e-santĂ©, les commandes en ligne, la livraison et les sites et logiciels de divertissement ont aussi bĂ©nĂ©ficiĂ© de l’immobilisation de l’économie. L’ascension de ZOOM est le symbole de cet essor : la sociĂ©tĂ© est passĂ©e de 10 Ă  300 millions d’utilisateurs depuis janvier 2020.
    Pour l’EdTech, c’est aussi l’heure de gloire. La plateforme d’éducation en ligne Klassroom a doublĂ© son nombre d’utilisateurs pour atteindre les 800 000 Ă©lèves. Molotov et SchoolMouv se sont associĂ©s pour mettre du contenu pĂ©dagogique gratuitement Ă  disposition des Ă©lèves.
    Mais “les outils numĂ©riques ne sont pas encore tous lĂ  dans le secteur Ă©ducatif”, estime Pierre-Emmanuel Struyven, prĂ©sident de SupernovaInvest. â€śOr, la continuitĂ© d’éducation entre la maison et l’école est une thĂ©matique qui ne va pas disparaĂ®tre après la crise”. Ainsi, l’EdTech est un secteur plein d’opportunitĂ©s.

    Les sujets environnementaux seront probablement au cœur des débats après la crise. Lorsque qu’on refait le monde, autant prendre en compte toutes les problématiques et anticiper les futures crises.

    Dans tous ces secteurs mobilisés pendant la crise sanitaire qui créent de nouveaux modes de vie, s’ajoutent les élans de solidarité de la tech. Ils ont permis de démocratiser encore un peu plus les usages 2.0 en rendant les solutions numériques accessibles à tous. L’e-santé en constitue le meilleur exemple avec la très forte hausse des téléconsultations.

     

    La startup est agile


    Dans ce contexte, l’atout majeur des startups est leur agilité. Elles ne peinent pas à se digitaliser et parfois même à orienter leur activité de manière à tirer profit de la situation. C’est ainsi que bon nombre des startups du tourisme, du voyage ou de l’évènementiel peuvent survivre. Les grands groupes, plus rigides, ont été forcés à travailler comme ils n’en ont jamais eu l’habitude. Pour beaucoup, la digitalisation a mis du temps à se mettre en place ou n’est pas encore terminée. Les startups ont là un coup à jouer. En effet, les grandes entreprises ont fait appel à des solutions de startups pour maintenir une continuité opérationnelle. Il y a fort à parier que ces modes de collaborations, de gestion de projets s’imposeront au sein de ces institutions. Les décideurs de ces dernières réalisent enfin la nécessité d’une transformation digitale aboutie, source d’agilité. Avec l’adoption de ces outils numériques, le besoin de cybersécurité s’accroît et laisse là encore un créneau aux innovations du secteur.

    Lire notre article Cyberattaques : les startups et les PME très exposées

    Reviendrons-nous vraiment Ă  l’avant coronavirus ? Il semble bien que beaucoup de ces transformations temporaires resteront ancrĂ©es dans les us et coutumes. D’après une enquĂŞte rĂ©alisĂ©e le 30 mars 2020 par Gartner Inc. 74% des entreprises affirment vouloir dĂ©placer au moins 5% de leurs effectifs prĂ©cĂ©demment sur place en tĂ©lĂ©travail. Le numĂ©rique vit son heure de gloire, lancer sa startup ne semble donc pas dĂ©risoire.

     

    Des conditions favorables


    Bien que très prudents, les investisseurs se tiennent prĂŞts Ă  investir et rassurent les entrepreneurs en ce sens. Partout dans le monde, les fonds resteront aux aguets. Ils ont mĂŞme reçu des fonds les six derniers mois comme l’ont indiquĂ© plusieurs fonds europĂ©ens tels que Index, EQT Ventures, Balderton et d’autres encore. Leur intĂ©rĂŞt se portera nĂ©anmoins sur des biens ou services faisant face Ă  la crise et rĂ©pondant Ă  des enjeux nouveaux ou croissants. Le fonds Heartcore vient mĂŞme de lancer Fellowship, un programme de prĂ©-amorçage dĂ©diĂ© aux porteurs de projets qui n’ont pas encore montĂ© leur entreprise

    Les startups ont en ce moment une mentalité solidaire et s’offrent mutuellement leurs services. Un atout à considérer avec la disponibilité des talents que la crise va générer. Même si l’Europe ne devrait pas dépasser les Etats-Unis en termes de licenciements, les écrémages post-covid peuvent être un avantage pour constituer une équipe solide.

    Enfin, la pĂ©riode est particulièrement propice aux appels Ă  projets pour des solutions anti-covid. Les hackathons ne manquent pas de mettre Ă  jour des innovations prometteuses. Les hackathons « hack the crisis Â», nĂ©s en Estonie, ont eu lieu dans 53 pays et connus un succès remarquable. D’autres sont Ă  venir !

    Pour CĂ©dric Denoyel, prĂ©sident de l’incubateur lyonnais H7, quatre valeurs essentielles sont Ă  prendre en compte pour entreprendre aujourd’hui : la technologie, la crĂ©ativitĂ©, l’impact et le business (la rentabilitĂ©). Et puis, condition sine qua non de la rĂ©ussite d’un tel projet : il faudra faire preuve d’audace et de rĂ©silience pour prĂ©senter des projets aboutis qui sauront Ă  coup sĂ»r tirer leur Ă©pingle du jeu, après l’avoir trouvĂ© dans la botte de foin !